lundi 7 septembre 2015

Lundi 7 septembre - Géographie - Clef de lecture d'un monde complexe - Des cartes pour comprendre le monde

Séance 2 - Une lecture géopolitique du monde actuel : un monde complexe, conflictuel, multipolaire dont la gouvernance est difficile, celui du "nouveau désordre mondial"

Cours magistral:Qu'est ce que la géopolitique? Quelle lecture du monde permet-elle ?
 
"La géopolitique est l'étude des rivalités de pouvoir(s) et/ou d'influence(s) sur un territoire donné."
Yves Lacoste, fondateur d’Hérodote, géographe et celui qui a relancé l’expression géopolitique et son étude dans les années 1980.


Etude des rivalités, relations et rapports (de force notamment) entre acteurs à une échelle donnée.


"La géopolitique a pour objet l'étude des interactions entre l'espace géographique et les rivalités de pouvoirs qui en découlent. (…) elle est le terrain de manœuvre de la puissance locale, régionale ou mondiale. (…) "
Alexandre Defay, La géopolitique, PUF, Que sais je ?


"La géopolitique est l’étude des enjeux territoriaux mobilisant différents pouvoirs rivaux (étatiques, mais aussi intra et interétatiques). C’est un savoir (une science ?) de la conflictualité, celle-ci résultant de l’expression plus ou moins violente de représentations contradictoires d’un territoire. C’est un savoir pratique et opératoire qui a pour fondement une méthode d’analyse scientifique reposant sur la prise en compte des multiples échelles de temps et d’espace."


Emmanuel Fabre, « De la géopolitique. Le point de vue des dictionnaires de géopolitique », Cybergeo : European Journal of Geography, ( http://cybergeo.revues.org/3901 )


Il existe de nombreuses définitions de la géopolitique plus ou moins proches l’une de l’autre.


Selon Fernand Braudel, la géopolitique est l’étude de la politique dans l’espace et le temps. Elle répond à deux interrogations essentielles : Qu'est‐ce que la puissance ? Où et comment se localise‐t‐elle ?


Selon P.M. Gallois, « la géopolitique est l’étude des relations qui existent entre la conduite d’une politique de puissance et le cadre géographique dans lequel elle s’exerce » (Gallois, 1990).


P. Moreau Defarges souligne : « qu’il n’y a pas de démarche géopolitique sans, au départ, une analyse de la terre, notre planète, comme un vaste et unique champ de manœuvre ».


La géopolitique est selon Yves Lacoste « une nouvelle manière de voir le monde qui dépasse la simple lecture des données économiques et propose d'autres mobiles que la recherche de profits ou la conquête de terres fertiles ». Il présente la géopolitique comme « un savoir penser l'espace terrestre et les luttes qui s'y déroulent ».


Pascal Lorot la définit comme « une méthode particulière qui repère, identifie et analyse les phénomènes conflictuels, les stratégies offensives ou défensives centrées sur la possession d'un territoire, sous le triple regard des influences du milieu géographique, pris au sens physique et humain, des arguments politiques des protagonistes du conflit et des tendances lourdes et continuité de l'histoire ».


Aymeric Chauprade, géopoliticien controversé et militant d'extrême droite, condense la définition en ces termes: « la géopolitique est l’étude de la volonté de puissance appliquée aux situations de la géographie physique et humaine ».


Selon Michel Foucher, géographe et cartographe spécialiste de la frontière,  «la géopolitique est une méthode globale d’analyse géographique de situations socio­politiques concrètes envisagées en tant qu’elles sont localisées et des représentations habituelles qui les décrivent ».


Pour P. Claval, « la géopolitique prend en compte l’ensemble des préoccupations des acteurs en présence sur la scène internationale (Hommes d’Etat, diplomates, armée, ONG, opinion publique etc.) et s’interroge sur les aspects spatiaux au sein des plans élaborés par ces divers acteurs : elle s’interroge sur les calculs des uns et des autres afin de comprendre ce qui les pousse à agir ».


De toutes ces définitions, il est possible de dégager un point commun: «toute géopolitique est une réflexion sur la puissance ». 

La puissance est le produit de la force des acteurs et de leurs situations géographiques. En d’autres termes, « la puissance d’un État ne tient pas seulement à la solidité de son potentiel militaire, humain, économique etc. mais aussi à sa situation géographique ».


La géopolitique vise à analyser le lien étroit qui unit le politique et la géographie : la politique d’un Etat est fortement conditionnée par de multiples constantes géographiques.


Cours en autonomie: Présenter le document 1 page 26 de manière conventionnelle

Reprise en cours dialogué: Analyse du document 1 page 26

- Découpage du monde en Etats (pavage étatique)
- Le monde actuel est marqué par une conflictualité évidente, de différentes natures qui concernent des Etats par ailleurs de plus en plus nombreux depuis 1945.
- Le monde est de plus en plus complexe (nombre d'acteurs étatiques passant d'une cinquantaine au milieu du XXème siècle à 193 aujourd'hui Etats reconnus par l'ONU; avec certains Etats ou territoires qui ne sont pas reconnus ou qui le veulent - Palestine...).

- L'entité géopolitique reste et demeure l'Etat qui matérialise son autorité par la frontière.

- On n'a jamais autant de frontières depuis 1945, la frontière étant une notion complexe et de différente nature (terrestre, maritime avec ZEE).  

- La frontière et sa maîtrise sont des enjeux essentiels.

- Le monde est traversé par des conflictualités nombreuses mais qui se concentrent pour la plupart dans une zone appelée "l'arc des crises" qui va de l'Afrique à l'Asie centrale en passant par le Proche et Moyen Orient. 

Les formes de la guerre changent tout comme la nature des conflits :
-  la guerre interétatique ne domine plus. Cependant tous les continents sont touchés par des conflictualités de différentes natures (conflits internes - guerres civiles, guérilla, luttes indépendantistes, sécessionnistes, autonomistes -; conflits interétatiques)  

- les conflits ne sont plus aussi violents, meurtriers mais ils sont de plus en plus complexes; leurs conséquences le sont tout autant. Les victimes ne sont plus militaires mais majoritairement civile (inversion des courbes depuis 1945).

- les acteurs de la guerre ne sont plus les mêmes: leur nature varie et modifie la prépondérance de l'Etat dans l'affaire conflictuelle traditionnelle.



-  Les conflits interétatiques ont été dominants dans l'histoire, aujourd'hui leur nombre ne cesse de décroître. La démocratie n'a jamais aussi présente dans l'histoire du monde et le nombre de conflits entre Etats n'a jamais été aussi faible. Le nombre de conflits de haute intensité n'a jamais été aussi faible mais cela s'explique par le fait que la conflictualité et ses formes ont changé.

- Le monde est complexe traversé par des conflictualités nouvelles, un "nouvel art de la guerre" (Gérard Chaliand) et des "guerres asymétriques" qu'on peut appeler des "guerres bâtardes".


Constat : Nous sommes face à un monde complexe, de plus en plus conflictuel avec des acteurs différents mais dont l'affrontement ne débouche pas forcément sur des guerres classiques (terrorisme, guerre civile, guérilla, mouvement indépendantistes ou sécessionnistes...). 

Quels sont les acteurs géopolitiques dominants ?
- Les Etats demeurent les acteurs géopolitiques dominants et notamment les plus importants d'entre eux, ceux qui figurent au Conseil de sécurité de l'ONU: EU, Russie, Chine, France, RU; ils possèdent le droit de veto et sont des puissances militaires possédant notamment l'arme nucléaire et la capacité de projeter leurs forces militaires; 

- D'autres acteurs apparaissent et contrebalancent leur influence :

- Les organisations et institutions internationales comme l'ONU, le G8, le G20, l'OEA=Organisation des Etats Américains, OUA=Organisation de l'Unité Africaine...; les ONG; les mafias et organisations criminelles et terroristes; l'opinion internationale et les personnalités mondiales; les FTN (firmes transnationales); les organisations régionales (UE, Mercosur, ASEAN...), les think tanks (organe de réflexion géopolitique).

Aujourd'hui, un seul Etat comme les E-Unis ne peut plus influer sur le sort et le devenir des relations internationales et du monde, ciomme ce fut le cas après la chute de l'URSS. On peut donc affirmer au regard de la présence d'autres acteurs et de la relativité de l'influence des grandes puissances, que le monde est devenu multipolaire (avec l'émergence de nouvelles puissances) voire apolaire pour Bertrand Badié  (si l'on considère la montée de nouveaux acteurs autres qu'étatiques et l'incapacité d'une seule puissance ou de plusieurs à réguler seules le monde contemporain).

- On peut donc considérer le monde comme complexe, conflictuel, multipolaire et de plus en plus instable (monde apolaire) cela induit une gouvernance de plus en plus difficile, à toutes les échelles. 

Lien à explorer: http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/d000547-les-acteurs-des-relations-internationales

Définitions à connaître et bibliographie complémentaire


Frontière: Limite du territoire d'un État et de l'exercice de la compétence territoriale.
Définition page 224

Livre pour aller plus loin

L'obsession des frontières, Michel Foucher, Perrin, Tempus

Lien pour aller plus loin: http://geoconfluences.ens-lyon.fr/geoconfluences/doc/typespace/frontier/FrontScient.htm 


Nation: ensemble de personnes qui se reconnaissent une histoire, une culture et une langue communes et qui veulent vivre ensemble


Etat: territoire sur lequel une autorité et ses représentants exerce un contrôle et qui correspond au territoire d’une nation; on parlera d’Etat-nation.

Puissance: Capacité d'un Etat à influencer à son profit l'action d'autres acteurs

Livre pour aller plus loin:

La puissance au XXIème siècle, P.Bühler, CNRS éditions
Vers un nouvel ordre mondial, Gérard Chaliand, Points Seuil

Gouvernance: art de gouverner, ensemble des règles, des acteurs et actions liés à la résolution d'une question commune entraînant l'exercice d'une autorité.


Conflictualité :
  • Caractère d'une situation conflictuelle, venant du latin conflictus (« choc »)
  • Ensemble des conflits de toutes natures et quels que soient leur intensité (haute ou basse
Conflit: Il vient du latin confligere (con- : ensemble ; fligere : heurter, frapper) ou conflictus (choc, heurt, lutte, attaque). Au sens le plus englobant, un conflit est une opposition entre deux ou plusieurs acteurs. Il éclate lorsqu’un acteur, individuel ou collectif, a un comportement qui porte atteinte à l’intérêt d’autres acteurs. Il implique donc l’existence d’un antagonisme qui peut prendre diverses formes : un rapport entre des forces opposées, une rivalité ou une inimitié, une guerre, etc. Il existe ainsi une échelle de la conflictualité qui va du désaccord à la tension et à la violence, en passant par un nombre plus ou moins grande de degrés intermédiaires.
Livres pour aller plus loin:

La puissance miliaire, Questions internationales, Juillet-Août 2015
Les guerres bâtardes, Comment l'Occident perd les guerres au XXIème siècle, Arnaud de Lagrange, Jean-Marc Balencie, Tempus, Perrin
Le nouvel art de la guerre, Gérard Chaliand, L'Archipel







Séance 3 - Une lecture géoéconomique du monde actuel : un monde profondément inégalitaire, dominé par plusieurs pôles de richesses où l'intensification des échanges liée à la mondialisation traduit l'émergence de nouvelles puissances économiques et "le basculement du monde" (basculement du centre de gravité du monde vers l’Asie)


La classe est divisée en deux ensembles qui se partagent en groupes les questions posées et leurs résolutions. 20 minutes



Cours magistral: Qu'est ce que la géoéconomie ? Que nous permet-elle de comprendre du monde contemporain ?
 

Définitions de géoéconomie 


"La géoéconomie est l'étude des flux économiques et sociaux mondiaux et des interactions de leurs acteurs rapportée à la notion de puissance, c'est à dire leur capacité d'influence et/ou de contrainte."




"La géoéconomie est la discipline qui analyse les relations entre la puissance économique, l'espace et le monde."

Les 100 mots de la géopolitique, Que sais je ?, Pascal Gauchon et Jean-Marc Huissoud
Traduction: Comment l’étude des flux économiques et sociaux à l’échelle du monde permet -elle de saisir autrement la puissance des Etats et des autres acteurs, et donc leur capacité d’influence ou de contrainte.



Inspirateur: Edward Luttwark, géopoliticien américain et qui produit ce concept dans les années 1990 au moment où l’hyperpuissance américain (H.Védrine) dominait.
Cours en autonomie:


Groupe 1 - l'organisation géoéconomique du monde, ses acteurs et la remise en cause des représentations traditionnelles: le monde de la mondialisation contemporaine
1,2,3,4 pages 22-23

Quels sont les acteurs principaux de l'économie mondiale ?
Quels sont les espaces les plus riches ? Les plus développés du globe ?
Comment s'organisent l'économie mondiale et les flux d'échanges mondiaux ? 
Quels liens existe-t-il entre les lieux d'émission et de réception de ces flux ?
Quelle remise en cause le "basculement du monde" en faveur de l'Asie et des émergents entraîne-t-il dans la représentation géoéconomique du monde (4 page 23) ?

Groupe 2 - le rôle des émergents dans le "basculement du monde"
2 page 25 + 3, 4, 5 page 25 + 6 page 25 + 7 page 25

Que sont les pays émergents ? Quels sont les principaux ?
Que changent les pays émergents dans l'organisation et les représentations géoéconomiques du monde ?
Quels États remettent en cause en profondeur l'ordre géoéconomique et géopolitique du monde ? Quels critères permettent de parler de puissances émergentes ?
Quelles sont les limites à apporter à la notion d'émergence et celles des puissances émergentes ?

Reprise en cours dialogué:

A) l'organisation géoéconomique du monde, ses acteurs et la remise en cause des représentations traditionnelles : le monde de la mondialisation contemporaine




Quels sont les acteurs de l’économie mondiale ?

  • Les puissances traditionnelles et anciemment industrialisées : On parle d'Ancienne triade - E-U, Europe  Occidendale, Japon - capitalisation boursière qui reste stable ou augmente pour les E-U (Wall Street, Nasdaq), qui décroit pour les places europennes et japonaise = Acteurs qui restent importants ms qui ne sont plus dominants = ce sont des pôles de puissance en déclin économique et financier
  • Les puissances émergentes et nouvellement influentes : les BRICA ou BRICS) - émergents (terme économique) = synthèse sur le Dessous des cartes 
  • L'émergence est une notion économique d’origine bancaire venant d’une institution bancaire américaine et qui n’est donc pas d’origine géographique = elle a été construite pour indiquer pour aux éventuels investisseurs, les lieux du monde où la croissance était potentiellement la plus élevée
     
Dessous des Cartes et Géopolitis sur la question des émergents
  • Jean-Christophe Victor explique le basculement de l'équilibre économique mondial avec l'apparition des BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) ou plus largement des pays émergents. Il analyse leur positionnement politique face aux 1ères puissances économiques. Si ils revendiquent leur place dans les institutions internationales décisionnaires telles le Conseil de Sécurité des Nations Unies, le FMI ou encore au sommet du G8 désormais sommet du G20 ; ils n'assument pas encore les contraintes liées à leur propre essor, notamment celles du protocole de Kyoto visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre.  
     
  • http://www.wat.tv/video/economie-mondiale-1rmaq_2hxqd_.html
  • Plusieurs types d'émergents : les BRICS et les autres (CIVETS, E7...)

  • Quels sont les principaux ? La Chine (2eme économie et puissance militaire mondiale), Russie, un Etat réémergent, l’Inde (en 2050, future première puissance démographique mondiale et première nation en termes d’ingénieurs et de services informatiques), le Brésil un état qui conteste la puissance américaine et qui s’inscrit comme une puissance régionale à vocation mondiale. L’Afrique du Sud plus en retrait est un acteur régional non négligeable mais en crise.
  • Dans quelle mesure modifie-t-il l'organisation de l'économie mondiale ? Transformation de la circulation des échanges (production, consommation ) de l’ancienne Triade vers un monde polycentrique, multipolaire, plus complexe et incertain
  • Quelles conséquences ces transformations ont-elles sur l'organisation économique du monde ? Rééquilibrage de la puissance vers l’Asie et vers des puissances anciennes qui avaient connu un retrait certain depuis les Grandes Découvertes et la Renaissance (Chine et Inde) mais aussi apparition de puissances économiques continentales nouvelles (Brésil, Afrique du Sud) ou de retour (Russie sous Poutine et Medvedev). On parle de basculement du monde vers l'Asie.
  • Quels sont les critères de l’émergence ? croissance forte (double de l’OCDE et supérieure à moyenne mondiale), forte démographie accompagnée d’un accroissement de diplômés, affirmation, renouveau ou développement de moyens de puissance traditionnel (militaire ert nucléaire, diplomatique, technique et scientifique…); présence et maintien de fortes inégalités sociales, économiques (Brésil est l’un des Etats les plus inégalitaires du monde selon Coefficient de Gini) au travers des PIB et IDH
  • Quelles sont les limites de cette émergence ? L'émergence est liée à un rattrapage et à un ralentissement économique d’où des croissances plus faibles; développement de nouvelles concurrences à bas coût (Vietnam, Bangladesh, Ethiopie…), problème de la création d’Etats de droit (Chine, Brésil) et de marchés intérieurs forts et ouverts, création d’une société civile, critique et investie où les femmes auraient toutes leurs places
 
Livre pour aller plus loin:

Géopolitique des pays émergents, Sylvia Delannoy, PUF Major
 
L'émergence reste une notion à relativiser:

http://www.lemonde.fr/economie/article/2014/09/27/les-economies-emergentes-divergent-de-plus-en-plus_4495375_3234.html


Quels sont les acteurs oubliés par le corpus et qu'il ne faut pas négliger ?

  • Etats de moindre importance ou spécialisée : Singapour, place boursière; Etats du Golfe : gazomonarchies et pétromonarchies et membres de l’OPEP
  • PED (Anciennement PVD = pays en voie de développement) = Pays en développement - majorité des Etats du globe
  • PMA (Pays les Moins Avancés - 48)
  • FTN (firmes transnationales) et FMN
  • Mafia et organisations criminelles
  • Paradis fiscaux
  • Instances et organisations de gouvernance économique internationale : FMI, BM, OMC, OCDE
  • Organisations régionales de libre-échange (ALENA, MERCOSUR, ASEAN, UE...plus de 200 organisations régionales dans le monde)
  • Agences de notations
  • Fonds de pensions
Cours magistral

B) Le phénomène de mondialisation organise le monde: Un monde devient interdépendant du point de vue des échanges et de l'économie, c'est un monde polarisé par les pôles de puissance de l'ancienne Triade dont la domination est sévèrement remise en cause par les émergents:
 

Ce monde vu d'un point de vue géoéconomique, c'est le monde de la mondialisation contemporaine des échanges, un monde qui bascule vers l'Asie.



« Avant, les événements qui se déroulaient dans le monde n’étaient pas liés entre eux. Depuis, ils sont tous dépendants les uns des autres. »

Polybe, au IIe siècle av. J.-C.



“S’il est un terme que l’on utilise sans jamais le définir, c’est bien celui de mondialisation.” 

Laurent Carroué, Géographie de la mondialisation (2002)



1) Comment définir la mondialisation ?

  • Processus continu et en constante évolution de mise en relation et d’interdépendance des acteurs notamment économiques à l’échelle du globe, reposant sur la recherche continu et comparée d’avantages comparatifs (compétitivité-coût, compétitivité-prix contre compétitivité par la qualité...) (Olivier Dollfus, La mondialisation, 1996)



“ Processus de généralisation des échanges entre les différentes parties de l’humanité, entre les différents lieux de la planète”
Olivier Dollfus, La mondialisation, 1996



“ La mondialisation est entendue ici comme le produit de l’ensemble des diffusions, des échanges et communications entre les différentes parties de l’humanité. C’est donc un processus [...] qui induit
plus de mondial, de “mondialité”. “
Olivier Dollfus, Christian Grataloup, Jacques Lévy, « Trois ou quatre choses que la mondialisation dit à la géographie », L’Espace géographique , 1999



  • Processus de nature spatiale qui crée un système à l’échelle du monde (Olivier Dollfus) et amène “l’émergence du Monde comme espace » (Jacques Lévy, Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés , Paris, Belin 2003)
  • Processus d’expansion du capitalisme libéral et d’une occidentalisation sous influence anglo-saxonne et états-unienne (Laurent Carroué, Géographie de la mondialisation, 2002)
  • Processus de généralisation des échanges entre les différentes parties de l’humanité, entre les différents lieux de la planète », produisant ainsi « un niveau de société pertinent à l’échelle de l’ensemble des hommes, le monde » (Christian Grataloup, Dictionnaire des mondialisations, 2006)



Elle agit en trois étapes :
  • Globalisation de l’économie (développement à l’échelle mondiale des sociétés de consommation via la mise en place du Capitalisme Libéral et du libre échange).
  • Internalisation (multiplication des échanges internationaux).
  • Développement d’interdépendance entre les pays (échanges, délocalisations).



2) Pourquoi la mondialisation ? Trois facteurs explicatifs:



  • Révolution des transports : les conditions de transport (maritime avec la conteneurisation, développement du trafic aérien, explosion du nombre de routes et de voies terrestres)
  • Technologies de l’information et de communication (Internet, téléphone mobile, réseaux sociaux…). Ces conditions techniques ont joué un rôle déterminant dans la circulation des marchandises et des capitaux et la représentation que l’on se fait du monde et de ses échanges.
  • Dérégulation et une déréglémentation à l’échelle mondiale.



La mondialisation ajoute un nouvel espace - mondial - aux territoires de taille inférieure, sans que ceux-ci perdent de leur pertinence. D’où l’idée de « glocal » né de la contraction entre global et local (stratégies d’adpatation locale des FTN comme MCDo avec leurs produits). Un tel processus d’intégration planétaire n’a été rendu possible que par les progrès technologiques spectaculaires des dernières décennies qui ont  comprimé l’espace-temps et par un cadre juridique qui a évolué vers une absence de régulation et de contraintes.


3) La Mondialisation et ses temporalités : une approche qui diffère suivant les historiens et les géographes



Selon les historiens et géographes, les approches du phénomène de mondialisation varient et connaissent des temporalités différentes.



1 - Laurent Carroué dans Géographie de la mondialisation (2002) définit la mondialisation comme le processus historique d’extension progressive du système capitaliste dans l’espace géographique mondial » en identifiant trois mondialisations successives depuis les Grandes Découvertes. Pour lui, la mondialisation contemporaine correspond depuis les années 1980 à la troisième phase du processus. La première a commencé à la fin du XVème siècle avec les Grandes Découvertes et se poursuit jusqu’en 1914 (économie-monde européenne puis britannique), la seconde va de 1914 à 1980 et correspond à l’économie-monde américaine. Quant à la dernière, elle fait écho à l’économie-monde multipolaire et va jusqu’à nos jours.
2 - Le géographe suisse de l’EPFL Jacques Lévy identifie six mondialisations au cours de l’Histoire :
– la diffusion d’homo sapiens sapiens sur l’ensemble de la planète ;
– la connexion entre les différentes sociétés de la planète à la suite des grandes découvertes ;
– l’inclusion forcée par la constitution d’empires d’échelle mondiale ;
– la constitution d’un espace mondial des échanges, entre 1870 et 1914 ;
– la mondialisation refusée, entre 1914 et 1945 ;
– accélération, globalisation et irréversibilité depuis 1945.
3 - Le géographe Christian Grataloup, spécialiste de la géohistoire, propose un découpage du Monde et des phases de la  mondialisation qui diffèrent très légèrement de ceux de Jacques Lévy :
– le Monde depuis 1980 ;
– le Monde depuis 1914 ;
– le Monde depuis 1750 ;
– le Monde depuis 1492 ;
– le Monde depuis – 12000
4 - L’historienne et politologue américaine Suzanne Berger publie quant à elle en 2003 un essai sous le titre Notre première mondialisation – Leçons d’un échec oublié. Cette première mondialisation des années 1870-1974 se caractérise par la croissance remarquable du commerce international, la massivité des flux migratoires (vers les pays neufs en particulier) et les avancées majeures des sciences et des techniques. En même temps, l’auteur repère dans cette période des éléments permettant de mieux comprendre l’époque actuelle.
Liens à explorer:


4) La mondialisation et ses conséquences sur la culture locale et mondiale: entre uniformisation, résistance et exacerbation de la diversité



Processus omni-englobant, la mondialisation s’accompagne d’une culture de masse, objet d’un marché global, qui impose des références universelles construites autour du sport-spectacle, de la variété internationale et des figures médiatisées du star-system.



Cette diffusion universelle d’une culture populaire mondiale, qui s’est installée en quelques années, reste équivoque. Elle s’appuie sur un essor formidable de la circulation des informations, mais aussi sur une rupture historique dans la mobilité.



Depuis l’origine de l’humanité, l’immense majorité des hommes ne quittaient pas, leur vie durant, un cercle d’une vingtaine de kilomètres autour de leur lieu de naissance. Au début du XXIe siècle, un touriste, ils sont près d’un milliard chaque année, parcourt individuellement plus de mille kilomètres en moyenne.
Pour autant, il serait illusoire de croire en l’émergence d’une société-monde, régie par les mêmes soucis globalisés, porteuse d’une opinion publique mondiale. Au contraire, plus la mondialisation est perçue comme un écrasement des cultures locales, une négation des particularismes, plus elle réactive en retour les affirmations identitaires et réveille les marqueurs civilisationnels.



Elle est donc à la fois porteuse  d’homogénéisation et de distinction, d’uniformisation culturelle et de singularisation des sociétés. Le renouveau de l’islamisme ou les tensions religieuses en Asie du Sud Est, par exemple, sont aussi, au-delà des contextes locaux, des contrecoups de l’immixtion des logiques globalisées dans des sociétés qui se sentent agressées.



Bibliographie additionnelle pour aller plus loin
La mondialisation contemporaine. Rapports de force et enjeux, Nicolas Balaresque et Daniel Oster,, collection Nouveaux Continents, Nathan, 2013, 384 pages
Smart, Frédéric Martel, Stock, 2014
Global Gay, Frédéric Martel, Flammarion, 2013
Mainstream, Frédéric Martel, Champs Flammarion, 2012


C) Un monde inégal en termes de développement mais qui évolue avec l’émergence de nouveaux acteurs
Etude des documents 1 page 22, 3 et 4 page 23

1) Un monde où la permanence d’inégalités de richesse et de développement se maintient à toutes les échelles



A l’échelle mondiale



L'Approche mondiale:

  • Inégalités de richesse :PIB, indicateur de production de richesse produite en un an sur un territoire, productions réalisées à l’extérieur exceptées.
  • Pertinence de l’indicateur:
  • Indicateur de développement humain = niveaux de développement différents à l’échelle du globe



L'Approche continentale:

  • fracture Nord - Sud : exclusivement à l’exception de l’ex-bloc de l’Est, niveau d’IDH des Etats du N, 0,8 + Australie
  • Nord: Ancienne Triade, espace le plus développé au monde
  • Sud: disparités entre continents:
    • Amérique du Sud et Centrale a un DH moyen 0,7 et 0,8 avec des disparités internes
    • Asie : disparités internes - développement moyen de 0,5 à 0,7 + développement économique qui n’est pas égal au développement humain (Chine, Inde)
    • Proche et Moyen Orient : variations d’IDH entre Etats pétroliers et gaziers et ceux qui sont marqués par les conflits récents (printemps arabes, guerres civile en Syrie, conflits en Irak et émergence de l’Etat Islamique ou Daesh). Idh qui est compris entre 0,7 et 0,8 dont supérieur à la moyenne mondiale (0,75)
    • Afrique: continent le plus peuplé avec un IDH moyen inférieur à 0,5 typique d’un continent qui rassemble la majeure partie des PMA avec des IDH en baisse comme en Afrique du Sud pourtant un émergent



Monde inégal face à la richesse et au développement, avec situations très contrastées selon les hémisphères, les continents avec une apparente hiérarchie N-S: monde complexe au développement variable (même si on assiste à un progrès général depuis trois décennies avec l’émergence de nouveaux acteurs).



Même à des échelles moindres et différentes, des inégalités de richesse et de développement fortes existent et peuvent être matérialisées dans l’espace par des frontières: cela accréditerait l’existence d’une rupture N-S encore prégnante (existante) utile pour simplifier et mieux comprendre notre monde.



2) la remise en cause de la limite Nord-Sud sous le poids des économies émergentes et de leur rattrapage: on parle de “basculement du monde”



Ligne N-S a encore une existence pour marquer les différences de développement entre les anciens pôles de triade, aujourd’hui parmi les pôles de puissances principaux et le reste des PED (Pays en développement) mais cette ligne est à relativiser de plus en plus tant son tracé s’estompe et se complique avec:



  • l’émergence des BRICS et d’autres émergents (Vietnam, Turquie, Indonésie, Mexique…)
  • la réémergence de la Russie et à sa stagnation
  • l’évolution récente des IDH au Nord sous l’effet de la crise économique et boursière mondiale



Ceci étant, les inégalités restent fortes et du point de vue de l’analyse, cette ligne a encore un intérêt, bien que de moins en moins marqué.



D’un point de vue économique, la vision du monde liée à la Triade (notion des années 1980) et à la prégnance d’une limite N-S n’est plus d’actualité. On assiste à “un basculement du monde” vers l’Asie et les émergents en termes de croissance économique et de développement.

Pour aller plus loin : 

A lire dans le livre La mondialisation, nouvelles dynamiques géopolitiques et géoéconomiques

Pages 7 à 52 - histoire de la mondialisation
Pages 89 à 180 - formes, processus et types de mondialisation
Pages 55 à70 - Acteurs et gouvernance de la mondialisation
Pages 71 à 88 - Les émergents dans la mondialisation 

Travail à faire pour le mardi 8 septembre

Travail individuel
- Apprendre les définitions données
- Regarder les liens vidéos ajoutés ci-dessus 
- Préparer une liste de passage pour les revues de presse
- Présenter de manière rédigée et conventionnelle, les documents 1, 2, 3 et 4 pages 30 et 31

Travail de groupe possible


- Répondre aux questions suivantes au travers d'un texte composé de trois paragraphes correspondant à chacune des questions ci-dessous, chaque paragraphe devra être illustré  par des exemples pris dans le corpus des pages 224 à 227 tout en s'appuyant sur le lien suivant : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/d000547-les-acteurs-des-relations-internationales


1) Comment s’organise le monde aujourd’hui du point de vue géopolitique et géoéconomique (puissances traditionnelles et émergentes…et moyens de leur puissance) ?


2) Quels sont les conflits qui le traversent (types de conflits, nombre de conflits et localisation) ?


3) Comment est assurée la gouvernance mondiale géopolitique et géoéconomique (institutions, mode de relations, moyens de puissance) ?


Travail à faire pour mercredi 9 septembre
- Reprendre le cours portant sur l'organisation géopolitique et géoéconomique du monde sur le cahier, le relire et l'apprendre
- Regarder les liens vidéos ajoutés ci-dessus
- Reproduire et enrichir les schémas pages 23 et 27 en les titrant et en les complétant à partir des lectures données et des vidéos regardées
- Apprendre les définitions données